Creative France, un défi porteur d’innovation dans un secteur touristique en pleine mutation

par Laurent Queige / Délégué Général du Welcome City Lab /
@LaurentQueige

Parmi les grandes tendances dans l’évolution des pratiques touristiques, la recherche d’une expérience personnelle – et si possible d’une expérience intense que l’on peut montrer à sa famille ou à ses amis – représente une attente forte chez les visiteurs.

Cette tendance s’appuie sur le rejet du tourisme de masse et de ses avatars, trop longtemps subis : enchaînement de visites standardisées, au pas de course, pas ou peu  pinceaux_LD d’interactivité, attitude passive dans le processus de visite, etc.

Le touriste devient plus en plus exigeant. Il demande aujourd’hui de pouvoir prendre part à sa propre visite lui-même, en tant qu’acteur, avec si possible la possibilité d’échanger avec des interlocuteurs locaux : habitants, artistes, artisans, commerçants, étudiants, etc, bref avec tous ceux qui façonnent la ville d’aujourd’hui, par opposition à ceux qui l’ont façonné hier, avec lesquels on ne peut plus interagir.

C’est ainsi qu’a émergé le « tourisme participatif » depuis une quinzaine d’années, symbolisé par le phénomène des greeters. Ces habitants accueillent les touristes bénévolement et leur montrent leur environnement quotidien, souvent avec la passion de ceux qui aiment leur ville.

Une étape supplémentaire dans la recherche d’expériences personnelles a été franchie avec le tourisme créatif. Qu’entend-on par là ? Il s’agit de l’ensemble des pratiques touristiques fondées sur des pratiques amateurs, dans les univers de l’art, de l’artisanat et des savoir-faire. Ateliers de cuisine, stages de photographie, cours de danse, ateliers d’art numérique, etc, il existe une immense palette de domaines qui permettent à un visiteur d’enrichir sa pratique ou sa maîtrise d’une discipline.

 

Une double évolution sociologique

Ce tourisme est porté par une double évolution sociologique : d’une part l’essor dans les pays occidentaux des classes créatives, ces personnes dont les métiers reposent sur la nécessité de créer (artistes, professionnels du numérique, consultants, journalistes, artisans d’art, etc) ; d’autre part, l’accès généralisé des populations à une multitude d’outils numériques, dont l’impact sur leur créativité a été largement démontré depuis des années.

stylet_LDCes deux évolutions conjuguées expliquent que de plus en plus de visiteurs, déjà familiarisés dans leur quotidien avec les pratiques interactives et individuelles, désirent vivre une expérience personnelle pendant leurs séjours, par la participation à des ateliers, des cours ou des stages.

Un échange entre visiteurs

Un autre avantage du tourisme créatif est l’échange entre visiteurs, leur permettant de découvrir des personnes qui partagent la même passion et de faire le lien entre les savoir-faire d’une destination et leurs propres centres d’intérêt. C’est un tourisme qui crée du sens, du lien, de la valeur. Voilà pourquoi il représente une tendance de fond qui n’est pas prête de se tarir.

Le magazine électronique Consoglobe ne s’y pas trompé, puisqu’il a identifié le tourisme créatif comme « l’une des 8 tendances qui changent l’industrie du tourisme ». Les activités créatives ouvrent le champ des possibles et permettent aux touristes de vivre des expériences en immersion. En quelque sorte, on peut dire qu’aujourd’hui le tourisme souhaite davantage repartir chez lui avec un souvenir qu’il a lui-même créé, plutôt que d’acheter un bibelot sans âme, souvent fabriqué ailleurs.

Face à cette lame de fond, l’offre s’est démultipliée certes, mais reste encore loin d’être structurée. Les pionniers ont été sans nul doute le Creative Tourism Network, créé en 2010, à l’initiative de Paris, Rome et Barcelone. Ce réseau a pour objectif principal d’échanger sur les bonnes pratiques et d’inviter de nouvelles destinations à soutenir et à structurer leur tourisme créatif.

cooking_pate_LDParis s’est lancé dans cette aventure en 2011 avec la création de www.creativeparis.info qui recense plus de mille ateliers et stages dans huit familles : arts plastiques et artisanat d’art / arts vivants et musique / photo, cinéma, multimédia / art du jardin et art floral / art culinaire / mode, design / sciences et techniques / écriture et philosophie. Cet immense travail de collecte et de qualification, réalisé par l’association ADCEP, a révélé que Paris est la ville au monde dotée de l’offre la plus variée et la plus riche en matière de tourisme créatif.

 

Une structuration de l’offre à l’échelle nationale

Mais force est de constater que le tourisme créatif manque encore de structuration à l’échelle nationale. Certes, il existe une multitude d’annuaires et de listes, sans approche permettant de qualifier, de structurer ou de commercialiser l’offre de façon professionnelle.

Dans ce contexte, la récente création de www.creativefrance.fr , véritable centrale de réservation, arrive à point nommé. Le client est maintenant suivi avant, pendantCreative France et après son atelier. Ce site permet désormais aux acteurs proposant des ateliers ou stages d’accroître leur visibilité sur le marché du tourisme, qu’ils maîtrisent mal, et aux destinations de se promouvoir grâce à la mise en valeur de l’ensemble de leur savoir-faire.

Creative France est une des initiatives professionnelles les plus innovantes de ces derniers temps dans le domaine du tourisme. Nul doute qu’elle permettra d’accompagner la mutation de ce secteur économique majeur et de relever les défis portés par les nouvelles pratiques de loisirs de nos contemporains.

Je souhaite un très grand succès à Creative France !

Laisser un commentaire